Le cardinal Piat est venu prêcher le message de la miséricorde

« Vivre la miséricorde est la mission de l’Eglise »

Le Cardinal Maurice Piat regagne l’Ile Maurice ce matin après une visite de cinq jours aux Seychelles.

Avant son départ, il a donné une ultime conférence sur la miséricorde, message sur lequel il a insisté pendant toutes les activités qui ont marqué les 125 ans du diocèse de Port Victoria, anniversaire qu’il a vécu en tant qu’invité d’honneur.

Qui aurait pensé remplir la Cathédrale de l’Immaculée Conception, sans messe ou autre célébration, mais juste le temps d’une conférence presque informelle après une longue journée de travail ou même d’école pour un bon nombre de jeunes qui étaient aussi présents ? Le Cardinal Piat l’a fait hier en fin de journée. Et le public, attiré par son sens de communication marquée par son langage simple, ses sujets accrocheurs et ses exemples en forme d’anecdotes marquantes n’a pas été déçu.

« Vivre la miséricorde est la mission de l’Eglise. La miséricorde est une nécessité pour qu’on puisse vivre ensemble », lui a-t-il dit, en reprenant le thème dont il a fait son cheval de bataille pendant son séjour aux Seychelles. Il a dit en être inspiré après que le pape François 1 a déclaré venu le temps de la miséricorde seulement à la fin de l’année consacrée à celle-ci. Il a expliqué le geste du souverain pontife par le fait que « la miséricorde est la révélation du fond du cœur qui a envoyé Jésus Christ sur terre, pardonner et donner de l’attention aux autres ».

Il a associé la venue du Christ aux paroles de Dieu dites à Moïse, quand il lui a demandé d’aller libérer le peuple d’Israël contre les Egyptiens :

« Je suis là avec vous », lui avait-il dit.

Le Cardinal Piat a fait remarquer que par ça Dieu a également conclu une nouvelle alliance avec nous : Que la loi n’est plus écrite dans les livres mais dans le cœur.

« La miséricorde nous permet donc de suivre le chemin que le Seigneur nous a montré. C’est la responsabilité du service pour les autres », a-t-il illustré.

Mais il a insisté que pour mettre en pratique cette mission, l’Eglise n’a non seulement besoin de l’expliquer, mais que l’on a aussi besoin de la vivre humblement en aidant les autres.

« La miséricorde est à la portée de nous tous, catholiques et non-catholiques, riches et pauvres. On n’a pas besoin de faire de grandes études pour la vivre et on peut tous le faire. Parce que, on a tous été créés à l’image de Dieu et il a planté en nous une semence qui peut porter beaucoup de fruits. Mais pour donner beaucoup de fruits, on doit chacun la cultiver dans son jardin », a enseigné le cardinal.

Il a continué la métaphore de la semence en illustrant qu’on peut vivre la miséricorde dans tous les domaines de notre vie ; domaines qu’il a comparés à cinq jardins : la famille, la paroisse, l’éducation, le travail et la politique.

Voici comment il a dit il faut « cultiver » dans chacun des « jardins » :

La famille : L’amour est un cadeau non-négociable et non-marchandable. On le donne et le reçoit gratuitement, sans besoin de donner d’autres formes de cadeaux en retour. La miséricorde a-t-il dit, commence dans la famille. Comme celle qui chaque dimanche après la messe visitait les malades à l’hôpital.

La paroisse : Le cardinal a ici cité Vacla Havel, l’écrivain tchécoslovaque devenu président de son pays, qui a dit que « ce n’est que par une vie meilleure que l’on peut créer un meilleur système ». Donc la seule solution a-t-il rajouté, c’est qu’il faut changer notre vie.  Il a expliqué que quand le prêtre termine la messe par « allez dans la paix du Christ », il demande d’aller partager aux autres.

L’éducation : Le secret de l’éducation c’est d’aimer les enfants. Il a donné ici l’exemple d’un enfant que les parents ne voulaient pas envoyer à l’école. Invité par une enseignante pour rejoindre sa classe, il est par la suite devenu un des plus illustres hommes politiques mauriciens.

Le travail : Dans son travail ou dans son entreprise, « on doit faire du profit pour vivre, mais on ne doit pas vivre pour faire du profit ».

La politique : Un homme ou une femme politique doit se mettre au service du peuple et non pas chercher à s’enrichir.

« Ce qui rempli le cœur humain c’est quand il peut faire une contribution aux autres », a conclu le Cardinal Piat.

Pour montrer que le message a été bien enregistré, l’Evêque Denis Wiehe a enchaîné qu’il faut apprendre la miséricorde. Et que si on ne l’a pas vécue jusqu’à maintenant, c’est qu’on n’avait pas compris que c’est le cœur de notre foi.

Cette fois-ci, les fidèles présents ont montré qu’ils avaient bien saisi. Ils l’ont montré dans leurs réponses. Celles-ci ont fait appel à la paix, la réconciliation nationale et la justice; au retour de l’enseignement religieux dans les écoles, au retour et a l’admission des jeunes dans l’Eglise ; et enfin à un évêque seychellois pour le diocèse de Port Victoria.

« Ne vous pressez pas », leur a répondu le Cardinal Piat sur ce dernier point, « ça viendra ».

Surement, car celui qui peut faire plus grande preuve de miséricorde, c’est le Bon Dieu lui-même!

Source : Seychelles NATION