Le Festival Kreol a donné le tempo culturel, impulsé la création et associé des identités
La langue créole a, désormais, son propre institut international. C’est une grande première pour les pays créolophones. Enfin, une structure concrète, avec un conseil d’administration et un comité exécutif, qui siègera aux Seychelles.
Hier, à l’institut Créole, Au Cap (Victoria, Seychelles), un fait d’histoire et de langue a rencontré la grande histoire. Habituellement minoritaires et éparses, les espaces créolophones se sont rassemblées derrière la création d’un Institut Créole International. Une idée qui chemine, depuis 1978, au travers du créoliste Jean Barnabé et qui est, aujourd’hui, concrétisée sur les terres seychelloises, où la langue créole est l’une des langues officielles avec l’anglais et le français.
La secrétaire générale du département de la culture du Ministère du Tourisme et de la Culture, Mlle Benjamine Rose a souhaité à toute l’assemblée une bonne fête à l’occasion de la journée internationale créole. « Depuis janvier 2014, le ministère travaillait sur une orientation internationale de l’Institut Créole. L’enjeu était de partir des îles regroupées, des régions, avec des points communs et de la diversité pour arriver à une réunion des peuples créoles. Ainsi, un Institut Créole International, avec le nouvel institut de la recherche et de l’étude des langues créoles de l’université des Seychelles, va donner encore plus de valeur à la langue créole de manière régionale et internationale », a-t-elle dit.
Selon Stella Cambrone-Lasnes, représentante de la Guadeloupe et du Commonwealth de La Dominique, l’ébauche du projet de l’Institut Créole International a démarré en 2014 avec la cartographie des personnes ressources et des espaces géographiques. Puis, ce travail a été amendé avec de nouvelles définitions, un cadre de référence, un cahier des charges et la nomination d’un président pour chapeauter cette institution. « A aujourd’hui, les étapes essentielles sont la confirmation de l’appellation de l’organisation, l’adoption des termes de références, le programme des activités pour les trois années à venir et la fondation du comité exécutif, donc d’élections. Nous saurons quel pays sera à quelle fonction », a-t-elle ajouté.
D’autre part, le président du comité scientifique de l’Institut Créole International, Arnaud Carpooran, représentant de l’île Maurice, a souligné le fait que la cause créole, ait épousé une forme concrète, institutionnelle, avec une structure, pour les différents pays créolophones. « Nous présentons, ici, des termes de références, issues d’une dynamique collective, qui prend en compte la spécificité de chaque pays » a-t-il dit. Selon lui, le Festival Kreol seychellois, qui inspire grandement le festival créole mauricien, est non seulement une occasion de célébrer, de s’amuser, mais aussi de travailler et de « met zepol ansanm ».
« Met zepol ansanm, koste latet », a rajouté le représentant de La Martinique, Max Belaise qui aspire à ce que les jeunes chercheurs prennent la relève pour faire avancer le monde créole. En un temps de partage, il nous a indiqué que la place du créole avait encore du chemin à faire aux Antilles. « L’introduction du créole dans le système éducatif français est récent. Nous sommes, nous, dans une problématique d’assimilation. En Guadeloupe, la place du créole dans l’enseignement est plus avancée, alors qu’en Martinique, elle est en cours de développement. En Corse, récemment, une agrégation en langue et culture corse a été créée, ce qui donne du poids à cette langue régionale. A New-York, le créole haïtien est devenu une langue officielle ».
Ainsi, la langue créole, qu’elle soit langue régionale ou langue officielle continue sa progression. L’Institut Créole International vient donner une impulsion nouvelle. « L’institut de la recherche et de l’étude des langues créoles nouvellement créé à l’université des Seychelles et la création de l’Institut Créole International démontrent bien l’amitié et la volonté des peuples créoles de « koste zepol » et de travailler ensemble. L’union fait la force. Le peuple créole, dans le monde, représente une minorité, des îles, des petites populations, mais la nation créole dans le monde, passe d’un petit à un grand peuple », a partagé Mme Penda Choppy, l’ancienne responsable de l’Institut Créole.
Afin de sceller la création officielle de l’Institut Créole International, Arnaud Carpooran, représentant de l’Ile Maurice, Yu-Sion Live, représentant de l’Ile de La Réunion, Penda Choppy, représentante de l’archipel des Seychelles, Max Belaise, représentant de La Martinique, Stella Cambrone-Lasnes, représentante de la Guadeloupe et du Commonwealth de La Dominique, ont tous procédé à la signature des termes de références.
Source : Seychelles NATION