Lors de la conférence de presse de mardi où il a dévoilé la nouvelle stratégie du gouvernement dans la lutte contre le trafic et la consommation de drogue, le secrétaire d’état pour la Réhabilitation contre la Drogue le Dr Patrick Herminie a évoqué les défis auxquels il fait face dans cette lutte qu’il a qualifiée comme « pas facile ».
Manque de ressources humaines
La première difficulté d’après le spécialiste de santé publique et celle des ressources humaines. Il est très difficile dit-il de pouvoir recruter le personnel qualifié et compétent pour mener cette tâche. Il se demande par exemple comment trouver les vingt conseillers nécessaires pour assurer le programme de suivi dans les districts ?
« L’addiction est un problème complexe. Pour le tacler il faut du personnel bien formé », dit-il.
Pour le futur, le Dr Herminie dit être en contacte avec l’Université des Seychelles pour la mise en place d’un diplôme dans le domaine.
Budget inadéquat
Nommé il y a à peine trois mois dans ce poste par le président Danny Faure, le secrétaire d’état dit faire face à un autre dilemme : Le budget de 8.8 millions de roupies voté par l’Assemblée Nationale est très largement insuffisant. Pour mettre en place les programmes immédiats, 40 millions de plus sont nécessaires. Il explique que par exemple seul un voyage d’avion jusqu’au centre de réhabilitation de l’île de Coëtivy coute plus de 170 000 roupies. Pour l’octroie d’avantage de fonds, le Dr Herminie a fait appel au conseil des ministres.
La distance du centre de réhabilitation de Coëtivy
Autre problème, la distance de Coëtivy de Mahé justement. A part les coûts d’opération qui reviennent très chers et que le Dr Herminie ne cache pas seront bientôt insoutenables, il est très difficile de trouver des personnes voulant aller y travailler. Comme solution, la construction d’un centre de réhabilitation moderne et bien équipé est prévue à Mahé.
Menace de nouvelles drogues
Le Dr Herminie cite l’entrée éventuelle de nouvelles drogues comme une vraie menace. Pour ça, il est important d’éduquer les jeunes contre l’expérimentation de ces drogues qui peuvent arriver comme des pullules innocentes ou des cocktails de médicaments.
La drogue dans la prison
Il faudra également éliminer la drogue dans la prison de Montagne Posée que le secrétaire d’état décrit comme «une caverne d’héroïne ». Il est impossible actuellement de mener des programmes de réhabilitation à cause du trafic qui s’y déroule. Tout comme pour les écoles, le Dr Herminie insiste que la drogue doive rester hors de la prison.
Développement d’intelligence
Le Dr Herminie regrette que par le passé, plus d’effort a été mis sur l’interception de la demande que de l’offre.
« Ce n’est pas la peine de courir avec une gramme sur un enfant à Corgat Estate. Il en est aussi victime », précise-t-il.
La stratégie doit donc changer pour plus cibler les trafiquants. Pour ça, il faut plus d’intelligence au niveau communautaire aussi qu’international. Cela permettra, dans le cas où on ne peut pas arrêter en flagrant délit les « Escobars » qui ne touchent jamais de drogue, la justice peut saisir leur argent et autres propriétés. Pour cela, il faudra aussi peut-être revoir certaines lois.
Manque de statistiques
Le développement d’intelligence permettra également de garder les statistiques nécessaires sur la consommation et le trafic de drogue. Le manque de data représente actuellement une lacune importante.
La pauvreté
Le Dr Herminie qualifie la relation entre la pauvreté et la drogue de « cercle vicieux ».
« La pauvreté crée la drogue et la drogue cause la pauvreté », dit le spécialiste en santé publique.
Comme une stratégie, son bureau travaille en étroite collaboration avec le secrétariat d’état contre la Pauvreté dirigé par M. Dick Esparon. Il reçoit aussi le support de la Brigade anti-drogue (NDEA) pour comme il dit « mettre de la pression sur le trafic ». Dans un autre angle, un comité de conseillers sera mis en place avec tous les partenaires politiques, sociaux, économiques, religieux et autres.
Espace nécessaire pour le secrétariat
Pour pouvoir bien travailler, le secrétariat d’état a également besoin de locaux convenables. De l’espace serré qu’il occupe actuellement dans l’Oliaji Complex, il se déplacera bientôt dans le bâtiment anciennement occupé par la police criminelle à Mont Fleuri.
Source : Seychelles NATION