D’une ressource supplémentaire à un livre de référence
Pendant que les élèves sont en vacances, en ce mois d’août, les enseignants du primaire des écoles publiques seychelloises se sont retrouvés sur les bancs de l’école de Mont Fleuri pour partager leurs expériences. Depuis 2015 pour certains, et 2016 pour d’autres, les enseignants travaillent avec le nouveau livre de mathématiques « Cracking maths text book » des éditions Collins. Celui-ci est utilisé comme ressource supplémentaire à tous les niveaux de classes du primaire.
Dans les faits, les enseignants du primaire de P1 et de P2 utilisent ce nouveau support depuis 2015. Pour les classes de P3 à P6, il est utilisé depuis janvier 2016. Selon Ina Félix, en charge de l’élaboration des curriculums au Ministère de l’Education, le choix de ce nouveau support répond à un objectif national, celui de chercher d’autres ressources pour enseigner. Surtout, « Cracking maths text book » permet d’utiliser une ressource progressive et complète pour enseigner les mathématiques d’une façon ludique, afin de démystifier cette matière.
Contextualisation et intégration à la vie réelle
« Nous n’avons pas de centre de production de livres aux Seychelles, donc les livres en provenance de l’extérieur, qui sont de bonnes références, ont besoin d’être contextualisés par rapport aux besoins de nos élèves seychellois. Ceci est valable pour chaque section du primaire. Et, réunir les enseignants pour y travailler et intégrer ces nouveaux supports à la vie réelle, ici, est un vrai challenge », a partagé Mme Ina Félix.
Avoir le socle de connaissances fondamental
Selon ses propos, c’est un pas en avant pour le Ministère de l’Education, les enseignants et les élèves. « Nous savons que nos enseignants ont un curriculum très chargé de la classe de P1 à P4. Mais, ce nouveau support permet d’explorer et d’approfondir les thématiques de base essentielles à l’apprentissage des mathématiques. Il aborde vraiment sous tous les angles chaque aspect important de la matière. C’est ce dont nous avons besoin pour couvrir le contenu du curriculum et ce travail est déjà fait dans ce livre. Ce document d’apprentissage passe d’un concept à l’autre. Les parents n’ont aucune crainte à avoir, les élèves ne vont rien perdre en apprentissage parce que cela ira un peu plus vite. En tout cas, ils auront le socle de connaissances fondamental. Il ne faut pas oublier qu’à ces âges, les enfants aiment jouer, explorer, observer, manipuler, communiquer, parler et écrire. Et le contenu de « Cracking maths text book » émane de recherches qui ont pris en compte l’évolution de la société et l’approche est plus adaptée au développement de l’apprentissage de l’enfant », a-t-elle insisté.
Oui à la nouveauté et aux moyens d’y parvenir
Introduire la nouveauté en soi est une bonne chose. Pour autant, des défis coexistent pour l’intégrer complètement au système d’éducation actuel. Tout d’abord, d’un point de vue financier, au travers de la reproduction du support ou d’achats de plus de livres, que ce soit pour le travail des élèves que celui des enseignants. Ensuite, en prenant en compte, le fait que ce support soit en anglais. Aux Seychelles, au primaire, la première langue d’apprentissage est le créole et apprendre les mathématiques en anglais reste un exercice de plus pour ces jeunes apprenants. Parfois même, dans les consignes pour les exercices, le mot en créole n’existe pas et l’enseignant est confronté à une difficulté de traduction. Dans cette situation, il utilise une combinaison de termes anglais et créole simples pour la compréhension de l’élève. D’après Ina Félix, l’apprentissage multilingue est un point fort, mais la langue internationale des mathématiques restent l’anglais. Les termes techniques qui n’existent pas en créole restent en anglais. Les enseignants font du code switching, d’une langue à l’autre, ou du code mixing, c’est-à-dire une combinaison des langues. Cela reste un bon moyen pour les élèves d’enrichir leur vocabulaire, a-t-elle dit.
A sa place, prêt à devenir un support de référence
En prenant en considération ces défis, Mme Félix estime que ce support a toute sa place. Il est envisagé qu’il devienne un support de référence en 2016. Il permet d’utiliser une approche d’ensemble et non pas des apprentissages mis bout à bout. Elle a constaté qu’il a été difficile de regrouper tous les enseignants en ce début de vacances. « Pour ceux qui sont là, nous travaillons sur un plan et des leçons pour la prochaine rentrée. Ensuite, ceux-ci seront diffusés dans toutes les écoles seychelloises avec des plans communs. Ils seront modifiables, en partie, par les écoles, en fonction du contexte, du groupe d’enfants et de l’environnement », a-t-elle ajouté. A son avis, pour progresser au troisième trimestre, chaque école devra développer sa propre stratégie et les enseignants ne devront pas hésiter à être innovants et source de nouvelles idées.
Bonne initiative à consolider
Pour Marie-Josée, enseignante à l’école d’Au Cap à Mahé, il y a dans ce nouveau livre de mathématiques beaucoup d’objectifs et pour les enfants cela représente un travail considérable. « Pour nous, enseignants, déjà, cela n’a pas été simple d’appréhender ce nouveau format. En tout cas, c’est une bonne initiative, nous allons travailler avec ce nouveau support. Maintenant, avec cette nouvelle ressource et ce nouveau programme, c’est un défi ! Il est important de penser aux moyens qui nous permettront d’utiliser pleinement ce support, comme un accès Internet pour les enseignants, par exemple. Si nous devons trouver des manières de travailler avec ce support de façon optimale, l’accès à de nouvelles informations est tout aussi important. Nous comptons, aussi, sur les idées des parents pour nous aider. Nous sommes contents de travailler à améliorer les méthodes et le contenu de l’apprentissage de nos élèves », a-t-elle indiqué.
Source : Seychelles NATION